Le Dispensaire diététique de Montréal et la nutrition sociale

Fondé en 1879, le Dispensaire est une belle histoire de femmes inscrite au cœur de la collectivité montréalaise.

Le Dispensaire diététique de Montréal tient ses pratiques de madame Agnes C. Higgings, une diététiste au service de l’organisation entre 1948 et 1981 qui avait remarqué une différence de poids des bébés à la naissance entre les familles les mieux et les moins bien nanties. En aidant les femmes des milieux défavorisés, elle souhaitait briser le cycle de la pauvreté. Elle a créé la Méthode Higgins © qui allie correctifs nutritionnels, stratégies de motivation et soutien global. Cette méthode a inspiré plusieurs programmes en Amérique du Nord, dont le programme OLO (orange, lait, œufs).

Aujourd’hui, le Dispensaire offre du counseling en nutrition aux femmes enceintes, toujours en utilisant la méthode Higgins ©, les soutient pendant l’allaitement et offre aux parents des activités de groupe pré et postnatales dans le but que le plus de bébés possibles naissent en santé dans une famille outillée.

Le Dispensaire est aussi reconnu pour le Panier à provisions nutritif (PPN) qui établit le coût d’un panier d’épicerie bien équilibré d’une famille de quatre personnes. Cette analyse a d’ailleurs permis d’augmenter de 50 $ l’aide sociale pour les femmes enceintes et les femmes allaitantes.

Un vent de changement

Le Dispensaire a connu de longues périodes de stabilité dans les 136 premières années, avec seulement cinq personnes se succédant à la direction. Par contre, depuis deux ans, un vent de changement se fait sentir et, avec celui-ci, est arrivé le concept de nutrition sociale plus proche de leurs pratiques actuelles, car l’intervention tient compte d’un ensemble de facteurs communément appelé les déterminants de la santé. En effet, l’équipe offre un éventail de conseils et de services qui vont bien au-delà de la nutrition. Elle est constituée de nutritionnistes, mais aussi de deux consultantes en périnatalité et en lactation, d’une éducatrice en petite enfance et d’une intervenante communautaire qui fait le pont avec les organismes communautaires du quartier.

L’équipe a donc entrepris une démarche en évaluation dans le but de mesurer les effets de leurs actions et également d’expliquer et définir ce qu’elle faisait.

« Avant on disait qu’on réduisait le taux de bébés de petit poids, mais on souhaitait avoir plus d’indicateurs pour évaluer les effets de nos actions, et ce à long terme. » Annie Brodeur-Doucet, directrice des programmes et projets

L’équipe a donc choisi d’évaluer l’ensemble des services du Dispensaire, tant les rencontres individuelles que les rencontres de groupes, et de considérer leurs services comme un tout. La préparation du modèle logique a servi à répondre à des questionnements de l’équipe, à la positionner, à décrire ses actions et à rallier toutes les personnes autour d’un projet commun.

« Nous pouvons maintenant expliquer aux gens de l’extérieur la portée de nos actions, comment on travaille et pourquoi. » Annie Brodeur-Doucet, directrice des programmes et projets

Le processus d’évaluation a aussi amené l’équipe à travailler davantage en multidisciplinarité pour s’assurer d’avoir les mêmes pratiques et les mêmes messages dans les rencontres de groupes ou individuelles, et ce, peu importe l’intervenante.

Ainsi, plusieurs questions ont été soulevées lors de la définition des indicateurs pour mesurer les effets de leurs actions : est-ce que ces indicateurs correspondent vraiment à ce qu’on fait avec la clientèle? Comment les intervenantes voient-elles les apprentissages? Certains indicateurs ont été modifiés, d’autres ajoutés ou retirés. L’exercice a aussi amené l’équipe à prévoir des formations ou des changements de pratiques pour uniformiser et améliorer leurs effets sur la clientèle.

« Ça nous a permis de nous rapprocher des besoins de notre clientèle, de nous ouvrir vers les besoins exprimés par les familles et de travailler avec elles pour avoir les effets voulus. » Annie Brodeur-Doucet, directrice des programmes et projets

La collecte de données a été réalisée au printemps et l’équipe s’apprête à faire l’analyse des résultats pour connaître les effets de leurs actions sur la clientèle. Avec les premiers résultats des groupes de discussion, l’équipe sait déjà qu’elle s’en va dans la bonne direction.

Le processus d’évaluation s’est donc avéré très utile pour mieux répondre aux besoins des familles qui fréquentent le Dispensaire, mais aussi pour mobiliser et solidifier l’équipe. En effet, la démarche a amené une réflexion collective et a rallié l’équipe vers un but et des messages communs. Un travail exigeant et déstabilisant, mais très porteur pour le futur.

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