Lorsque vient le temps, à la fin d’un processus d’évaluation, de parler de nos résultats aux différentes parties prenantes, la tendance est souvent de privilégier une restitution de nos apprentissages de manière homogène, quel que soit l’interlocuteur. Pourtant, en communiquant les résultats de l’évaluation, un travail pédagogique et démocratique peut être engagé avec les membres, participants et citoyens.
La Boîte à lettres (BÀL) est un groupe d’alphabétisation populaire et d’intervention en prévention de l’analphabétisme situé à Longueuil. Elle accompagne des jeunes sous-scolarisés de 16 à 25 ans qui souhaitent reprendre du pouvoir sur leur vie par l’appropriation de l’écrit (ALÉ), notamment en utilisant l’approche biographique.
À partir de 2012, la BÀL a été invitée par l’Envol (organisme d’aide aux jeunes mères) à utiliser cette approche avec les jeunes mères en processus de scolarisation. L’atelier, portant sur leur rapport à la lecture, à l’écriture et à l’école, a alors été proposé sous un format condensé de 15 rencontres. Au même moment, la BÀL souhaite mettre en évidence les effets de cette nouvelle approche et s’engage dans une démarche d’évaluation PAR et POUR avec l’EVALPOP. À la fin du processus, en mai 2013, l’organisme met en évidence plusieurs effets significatifs liés à son intervention.
Mais comment parler de ces résultats? Auprès de qui les diffuser? Comment faire de cette étape une opportunité de mobilisation, de transfert de connaissances et de soutien à nos actions?
Françoise Lefebvre, personne ressource en animation et en recherche à la BÀL, nous parle de leur expérience singulière de diffusion des résultats.
Sortir des sentiers battus
« D’abord, il est important de mentionner que l’équipe de la Boîte à lettres de Longueuil est constituée de personnes d’horizons très diversifiés. Une personne de l’équipe avec des compétences en outils de diffusion nous a invités à présenter nos résultats de façon plus visuelle. » Plutôt qu’un rapport d’évaluation classique, l’équipe a donc opté pour une affiche synthétisant sa démarche et mettant l’accent sur les résultats obtenus.
Multiplier les occasions de parler des résultats
Dans un premier temps, l’équipe a présenté les résultats aux jeunes mères afin de susciter une rétroaction. D’ailleurs, cette étape de diffusion s’est inscrite dans un contexte particulier : « La fin de notre démarche d’évaluation était concomitante avec la semaine de la persévérance scolaire : nous avons donc profité de cette vitrine pour diffuser nos résultats auprès d’un public plus large ». Mais comme l’explique Françoise Lefebvre, l’équipe de la BÀL souhaitait que ces outils de diffusion soient à l’image de la mission de l’organisme : « Nous sommes un organisme éducatif, nos outils de diffusion devaient ainsi refléter le plus possible cette réalité. Par ailleurs, pour que les personnes puissent réellement comprendre l’impact de l’approche autobiographique sur les femmes, il fallait bien expliquer la nature de notre intervention. Au-delà de l’affiche qui synthétisait les résultats, nous avons donc créé un univers éducatif de cinq modules reprenant les cinq étapes de la démarche autobiographique ».
De la diffusion… au transfert de connaissances
Comme en témoigne Françoise Lefebvre, ces outils de diffusion ont non seulement contribué à la visibilité de la BÀL à l’externe, mais ils sont également devenus des leviers pour permettre à d’autres de s’approprier l’intervention : « Trois ans plus tard, nous utilisons toujours les affiches et les modules auprès des intervenants sur le terrain. Également, la vidéo sur laquelle les mères témoignent de leur expérience et de l’impact de la démarche est un bon moyen de sensibilisation auprès de partenaires travaillant avec des jeunes peu scolarisés ».
À travers la diffusion des résultats de son intervention, la BÀL a fait des émules en dehors de ses murs en suscitant chez d’autres le goût d’utiliser cette approche : « Un organisme avec lequel nous travaillons a manifesté un intérêt à l’égard de cette activité et souhaiterait l’implanter avec un autre type de public. C’est comme si un nouveau souffle était donné à notre action ».