On ne le dira jamais assez, l’évaluation, c’est avant tout une démarche collective. L’implantation d’une culture d’évaluation participative débute au sein de chaque organisme communautaire avec la constitution du comité d’évaluation.

Une seule personne peut difficilement capter la réalité d’une organisation et en avoir une vision significative pour l’ensemble des personnes qui y sont impliquées. Décider ensemble du processus d’évaluation — quoi, comment, pour qui, pourquoi — permet de s’assurer d’une vision partagée des actions et surtout potentialise les chances d’utilisation des résultats de la démarche.

Par ailleurs, selon le rôle joué par chacun des membres au sein de l’organisme, les points de vue et l’apport au processus d’évaluation vont diverger. Un membre du conseil d’administration, par exemple, aura une préoccupation plus marquée pour les éléments stratégiques ou les liens avec les partenaires de la communauté. Un employé, quant à lui, considérera l’évolution des pratiques professionnelles, tandis qu’un participant amènera une couleur plus expérientielle. La diversité des contributions donnera la richesse aux données générées.

Un comité d’évaluation pour :

• se donner une vision commune et partager nos actions
• favoriser la prise en compte des résultats par tous
• créer un espace d’apprentissage collectif

Enfin, constituer un comité d’évaluation présente un intérêt beaucoup plus large : la rencontre des différentes expertises et expériences à l’intérieur du comité permet la coconstruction des savoirs, l’apprentissage collectif et, à plus long terme, le développement d’une pensée évaluative qui imprègne les pratiques du milieu. Miser sur le collectif, c’est également s’assurer d’une pérennité de l’expertise, notamment dans des contextes de fort roulement au sein des organismes.

Dans le milieu communautaire, comme dans d’autres, les impératifs du quotidien et de l’action limitent les espaces et le temps consacrés à la réflexion des actions et de leurs portées. Le comité d’évaluation devient un espace dédié pour réfléchir, se concerter, analyser et agir.

Constituer un comité d’évaluation n’est pas sans défi et s’accompagne d’enjeux et de questionnements 

Qui doit faire partie du comité ? Sur la base de quelles considérations ? Quel doit être son mode de fonctionnement ? Il n’y a pas de recette unique. La composition d’un comité d’évaluation est propre aux besoins et aux possibilités de chaque milieu. Le comité ne doit pas nécessairement être permanent et sa composition peut évoluer en fonction des projets d’évaluation.

Le comité porte la responsabilité du processus d’évaluation, mais en faire partie ne requiert pas une expertise pointue en évaluation de la part de tous les membres. La force du groupe, l’expérimentation commune et l’apprentissage collectif vont permettre à chacun et chacune de développer des connaissances et des compétences en évaluation et de renforcer son pouvoir d’agir.

Le comité d’évaluation est une occasion pour les participants, les employés et les bénévoles de questionner et d’améliorer leurs pratiques pour bonifier les effets de leurs actions collectives sur la communauté.

Enfin, si l’initiative, la participation citoyenne et l’entretien d’une vie démocratique caractérisent l’action communautaire, le comité d’évaluation est une des expressions concrètes de ces principes.

Amande Anin

Sources d’informations :

Réseau québécois des villes et villages en santé, Petit guide d’évaluation participative à l’intention des initiatives de développement des communautés.

Centre de recherches pour le développement international, Entretien avec Michael Quinn Patton. 2002.