L’évaluation, cela donne quoi ? Voici le premier d’une longue série de billets qui présentent les résultats obtenus par les organismes qui se sont lancés dans l’aventure de l’évaluation. Pour ces débuts, nous jetons notre dévolu sur Action Communiterre.
Le jardin collectif, un engagement citoyen !
Situé au cœur du quartier Notre-Dame-de-Grâce, Action Communiterre a vu le jour en 1997, sous l’impulsion d’activistes souhaitant apporter des réponses aux problèmes de sécurité alimentaire, de pauvreté et d’environnement dans leur communauté. Sa mission ? Promouvoir la sécurité alimentaire à travers un réseau de jardins collectifs ainsi que des activités communautaires et des ateliers éducatifs. Sur le terrain, cela s’est traduit par la création du premier jardin collectif sur l’île de Montréal. Presque 20 ans plus tard, ces pionniers du jardinage collectif comptent 8 jardins et 3 cours arrière qui produisent plus de deux tonnes de légumes biologiques frais chaque année.
Une démarche mobilisatrice de la parole citoyenne
Soucieux d’améliorer la qualité de leur intervention, l’organisme s’est outillé afin d’évaluer plus spécifiquement son programme de jardinage collectif. Ils ont fait partie de la première cohorte accompagnée par le Centre de formation populaire (CFP) et ont terminé le processus d’accompagnement en 2012. « Avec cette évaluation, nous voulions savoir si nos objectifs étaient atteints, si nos actions sont toujours en lien avec les besoins de la population cible, si les processus sont adéquats et si les changements visés ont été réalisés. » explique Marguerite Kinfack, codirectrice, responsable des finances et du développement au sein de l’organisation.
A cet égard, la démarche d’évaluation participative proposée par le CFP répondait à leurs besoins. Parmi ceux-ci, l’équipe était soucieuse de disposer d’une démarche d’évaluation simple, faisable, accessible et qui donne des résultats pouvant guider l’organisation dans ses prises de décisions. Autre point essentiel pour l’équipe dans cette démarche d’évaluation: l’implication des citoyens rejoints par les jardins collectifs et ce, à toutes les étapes et qui est induite dans ce processus. « Recueillir la parole de ceux et celles auprès de qui nous intervenons dans le cadre de nos activités, c’est majeur quand on évalue ses actions » souligne Madame Kinfack.
« Recueillir la parole de ceux et celles auprès de qui nous intervenons dans le cadre de nos activités, c’est majeur quand on évalue ses actions »
Action Communiterre a ainsi évalué si les objectifs établis pour son programme de jardinage collectif étaient atteints. Mais un jardin collectif, cela consiste en quoi ? « C’est une parcelle de terre entretenue collectivement par un groupe de jardiniers et jardinières qui se partagent les responsabilités, les tâches, les prises de décisions et les récoltes. » précise Marguerite Kinfack. « C’est ce qui les distingue des jardins communautaires où chacun des jardiniers cultive son propre lot de terre ». Plus précisément, avec ce programme, l’organisme souhaite améliorer la sécurité alimentaire et promouvoir une saine alimentation, contrer l’exclusion sociale et favoriser l’expression d’une citoyenneté active et enfin contribuer à créer un milieu urbain plus écologique et préserver la biodiversité. Y parviennent-ils ?
Les jardins collectifs, plus qu’un lieu de production
Pour mener à bien ce travail, Action Communiterre, appuyé par le CFP, s’est doté de différents outils d’évaluation : questionnaire, sondage, groupes de discussion etc. Une fois collectées et analysées, ces données ont permis d’établir les informations suivantes : 83% des participants aux jardins collectifs trouvent qu’ils sont plus sensibilisés à l’importance d’une alimentation saine et équilibrée ainsi qu’aux enjeux de sécurité alimentaire. Le jardinage collectif influence également positivement les habitudes alimentaires des citoyens-jardiniers : 85% d’entre eux y ont apporté des changements concrets et 87% d’entre eux ont maintenant un meilleur contrôle sur leur alimentation. Aussi, le jardinage collectif favorise le partage de connaissances et offre plusieurs possibilités d’implication citoyenne pour la communauté rejointe. Le jardinage collectif crée par ailleurs du lien social : 95% des participants se sont faits de nouveaux amis tandis que 98% ont développé un sentiment d’appartenance envers la communauté.
« Nos jardins sont un reflet de la communauté »
« Nos jardins sont un reflet de la communauté » souligne Marguerie Kinfack, « On y trouve des personnes d’origines diverses. Parmi eux, plusieurs nouveaux arrivants, pour qui le jardin devient un lieu de rencontre et de découverte du nouveau milieu. Les échanges de connaissances horticoles permettent l’ouverture, le partage des forces et des points communs au-delà des différences. Cette année, plus de 16 origines différentes ont été enregistrées dans les jardins. »
De manière générale, le processus d’évaluation a permis de constater que les objectifs du programme du jardinage collectif sont atteints. « Nous aimerions toutefois améliorer les outils d’évaluation et évaluer les changements d’une année à une autre, renforcer les partenariats de chaque jardin, mais aussi embellir les jardins avec des plantations de fleurs, redistribuer au moins 25% des récoltes ou encore produire des herbes pour les activités d’autofinancement » précise la codirectrice de l’organisme.
Et après ?
Les graines de l’évaluation désormais semées, celle-ci croît au sein de l’organisation et est désormais bien intégrée au sein de l’équipe : les autres programmes font également l’objet d’évaluation. L’équipe d’Action Communiterre accorde également une attention toute particulière à diffuser ses résultats et ainsi à mettre de l’avant les retombées de ses activités. Les jardins collectifs semblent avoir un très bel avenir devant eux !
Pour aller plus loin :
- Le site Internet d’Action Communiterre
- Le rapport annuel d’Action Communiterre 2013-2014
- Action Communiterre est présent sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter