L’Association Québécoise des Parents et Amis de la personne atteinte de Maladie Mentale (AQPAMM) soutient les proches d’une personne avec un problème de santé mentale. Depuis février 2015, elle est accompagnée par le CFP pour développer ses pratiques d’évaluation. Témoignage.

Par Judith Marie, responsable des communications à l’AQPAMM

Jusqu’à présent, l’organisation avait peu de pratiques d’évaluation : elles prenaient la forme par d’échanges informels à la fin d’un suivi ou d’une formation. Le rapport d’activités quant à lui recense essentiellement des données quantitatives comme par exemple le nombre de proches ayant suivi une formation sur le trouble de personnalité limite. Ces données, même si elles sont intéressantes, n’expliquent pas l’ampleur de l’impact de notre organisme sur les personnes que nous soutenons! Si nous reprenons l’exemple de la formation, cela ne dit pas si cela leur a permis de mieux comprendre la réalité de leur proche ayant ce trouble ou encore de mieux interagir avec lui, ce qui est essentiel au quotidien. Mieux évaluer nos activités nous permet donc aussi de mieux communiquer auprès de la communauté (et de nos bailleurs de fonds) sur nos actions.

Une appropriation par l’équipe de la culture de l’évaluation

Toute une organisation est nécessaire car l’objectif est de permettre une appropriation en profondeur de la culture de l’évaluation par l’ensemble de l’équipe. Je coordonne les différentes étapes au sein de l’organisme, et je suis formée sur le sujet par le CFP – 5 journées sont prévues au total pour aborder toutes les phases de l’évaluation. Afin d’être plusieurs à porter la démarche, la Directrice générale et une intervenante y participent également.

Le maître mot de la démarche est « soyons participatifs »! La première étape a été de réaliser notre « modèle logique » pour l’organisme. Cet outil permet de visualiser les résultats que nous souhaitons atteindre pour les personnes que nous aidons. Pour cela, nous avons réuni près de 40 personnes et avons réfléchi, sous forme de petits ateliers, aux changements que visent nos activités à court, moyen et long terme. Ce premier exercice a été très mobilisateur : nous avons pris le temps de partager nos différents points de vue sur le sens de notre action, sur ce qu’elle permet, mais aussi sur ce qu’elle devrait permettre.

Une partie de l’équipe de travail de l’AQPAMM en processus d’éval’.

Réfléchir aux impacts sur nos membres avec les membres eux-mêmes

Parallèlement à la formation sur l’évaluation des résultats, le principe de l’accompagnement du CFP est de nous appuyer dans l’évaluation d’une activité spécifique. Nous avons choisi le suivi psychosocial de nos membres qui consiste en une série de 8 rencontres pour aider la personne à mieux vivre sa situation au quotidien. Nous avons constitué un comité de travail avec des représentants de l’équipe, du conseil d’administration et de nos membres. Son rôle sera de suivre l’ensemble du processus.

Avec ce comité, nous avons réalisé le «modèle logique » spécifique de cette activité afin de poser les bases de notre évaluation. Une fois encore, nous avons échangé sur les résultats ou les impacts de ce suivi sur nos membres et les personnes qui ont bénéficié de ce suivi. Le processus se poursuit actuellement, toujours dans une logique participative incluant l’équipe et nos membres. Une fois que nous aurons expérimenté cela pour une activité, nous serons en mesure de le faire pour d’autres. L’évaluation devient peu à peu un réflexe qui prend tout son sens au sein de notre organisation.

Tenir le cap et rester mobilisé !

Bien qu’exigeant, ce processus est extrêmement positif car il nous encourage à prendre du recul sur nos activités, à nous reposer les bonnes questions sur leurs objectifs et leur organisation pour, à terme, mieux répondre aux besoins de nos membres. Vous l’aurez compris, cette démarche exige beaucoup d’énergie, un investissement important de l’ensemble de l’organisme et ce sur le long terme. Il faut donc tenir le cap et rester mobilisé!